Leçon 7 : plus-que-parfait

Emploi :

Le plus-que-parfait indique qu’une action précède une autre action dans le passé.

Exemple : Laurence avait déjà fini son devoir quand son père a appelé.

Formation :

Le plus-que-parfait se forme avec l’auxiliaire être ou avoir conjugué à l’imparfait et suivi du participe passé du verbe. Pour le choix de l’auxiliaire, être ou avoir, voir plus loin :

Exemples :

Aimer

j’avais aimé                                                                                          nous avions aimé tu avais aimé                                                                                           vous aviez aimé il/elle/on avait aimé                                                                    ils/elles avaient aimé

Finir

j’avais fini                                                                                               nous avions fini tu avais fini                                                                                               vous aviez fini il/elle/on avait fini                                                                          ils/elles avaient fini Vendre

j’avais vendu                                                                                     nous avions vendu tu avais  vendu                                                                                     vous aviez vendu il/elle/on avait vendu                                                                ils/elles avaient vendu

Partir

j’étais parti(e)                                                                                nous étions parti(e)s tu étais parti(e)                                                                                vous étiez parti(e)s il/elle/on était parti(e)                                                         ils/elles étaient partis(e)s

le plus–que-parfait de la majorité des verbes se forme avec avoir mais l’auxiliaire être est employé :

1) avec les 14 verbes suivants : naître/mourir, aller/venir, monter/descendre, arriver/partir, entrer/sortir, apparaître, rester, retourner, tomber et leurs formes composées, par exemple : revenir, rentrer, remonter, redescendre, repartir.

Exemple : j’étais parti(e) en vacances en Bretagne.

2) avec les verbes pronominaux.

Exemple : je m’étais trompé(e) dans mon calcul.

La négation encadre l’auxiliaire elle se place avant et après être ou avoir. Dans le cas d’un verbe pronominal la négation se place avant le bloc pronom-auxiliaire.

Exemples : je n’étais pas parti(e) en vacances en Bretagne.

je ne m’étais pas trompé(e) dans mon calcul.

Le participe passé des verbes réguliers en -er/-ir/-re est simple à construire :

-infinitif en-er -participe en -é

Exemple : aimer – aimé

-infinitif en -ir – Participe en -i

Exemple : suivre – suivi

Accord du participe passé :

Le participe passé s’accorde dans certains cas en genre et en nombre :

a) dans le cas des verbes qui construisent leur passé composé avec l’auxiliaire être le participe passé s’accorde alors en genre et en nombre avec le sujet de la phrase.

Exemple : elle était allée à l’école des Beaux-Arts.

                   ils étaient allés à l’école des Beaux-Arts.

                   elles étaient allées à l’école des Beaux-Arts.

b) dans le cas des verbes qui construisent leur passé composé avec l’auxiliaire avoir(lorsque le complément d’objet direct est placé avant le verbe) le participe passé s’accorde alors en genre et en nombre avec ce complément d’objet direct. Trois cas sont possibles : le complément peut être un pronom personnel (me, te, le, la, nous, vous, les), le pronom relatif que ou un nom placé devant le verbe (dans les interrogations et exclamations).

Exemples : elle avait acheté un sac → elle l’avait acheté.

                     elle avait acheté une valise → elle l’avait achetée

                     elle avait rencontré d’autre candidats → elle les avait rencontrés.

                    Son père avait acheté des places de concert.→ Son père les avait                            achetées.

b) dans le cas des verbes pronominaux qui construisent toujours leur passé composé avec auxiliaire être, lorsque le sujet et le complément d’objet direct (le pronom) sont identiques le participe passé s’accorde en général avec le sujet/le pronom complément d’objet direct.

Exemple : nous nous étions levés très tôt.

Attention : Le participe passé ne s’accorde jamais avec le complément d’objet indirect. Ainsi le participe ne s’accorde pas quand le verbe se construit avec à (préposition introduisant un COI)

Exemple : Marie et Laurent s’étaient téléphoné. ( téléphoner à)

→ se = complément d’objet indirect

Il ne s’accorde pas non plus lorsque le verbe est suivi d’un complément d’objet direct (donc différent du sujet).

Exemple : Elle s’était lavé les mains. (s’ = complément d’objet indirect)

→ mais elle s’était lavée.

Exercices sur le texte :

L’homme s’était accoudé sur la table et avait repris son attitude de rêverie. Tous les autres voyageurs, marchands et routiers, s’étaient un peu éloignés et ne chantaient plus. Ils le considéraient à distance avec une sorte de crainte respectueuse. Ce particulier si pauvrement vêtu, qui prodiguait des poupées gigantesques à de petites souillons en sabots, était certainement un bonhomme magnifique et redoutable. Plusieurs heures s’écoulèrent. La messe de minuit était dite, le réveillon était fini, les buveurs s’en étaient allés, le cabaret était fermé, la salle basse était déserte, le feu s’était éteint, l’étranger était toujours à la même place et dans la même posture. De temps en temps il changeait le coude sur lequel il s’appuyait. Voilà tout. Mais il n’avait pas dit un mot depuis que Cosette n’était plus là. Les Thénardier seuls, par convenance et par curiosité, étaient restés dans la salle.  Est-ce qu’il va passer la nuit comme ça ? grommelait la Thénardier. Comme deux heures du matin sonnaient, elle se déclara vaincue et dit à son mari : je vais me coucher. Fais-en ce que tu voudras.  Le mari s’assit à une table dans un coin, alluma une chandelle et se mit à lire le Courrier français. Une bonne heure se passa ainsi. Le digne aubergiste avait lu au moins trois fois le Courrier français, depuis la date du numéro jusqu’au nom de l’imprimeur. L’étranger ne bougeait pas. Le Thénardier remua, toussa, cracha, se moucha, fit craquer sa chaise. Aucun mouvement de l’homme.  Est-ce qu’il dort ? pensa Thénardier. – L’homme ne dormait pas, mais rien ne pouvait l’éveiller. Enfin Thénardier ôta son bonnet, s’approcha doucement, et s’aventura à dire : – Est-ce que monsieur ne va pas reposer ? Ne va pas se coucher lui eût semblé excessif et familier. Reposer sentait le luxe et était du respect. Ces mots-là ont la propriété mystérieuse et admirable de gonfler le lendemain matin le chiffre de la carte à payer. Une chambre où l’on couche coûte vingt sous; une chambre où l’on repose coûte vingt francs.  Tiens ! dit l’étranger, vous avez raison. Où est votre écurie ?  Monsieur, fit le Thénardier avec un sourire, je vais conduire monsieur. Il prit la chandelle, l’homme prit son paquet et son bâton et Thénardier le mena dans une chambre au premier qui était d’une rare splendeur, toute meublée en acajou avec un litbateau et des rideaux de calicot rouge. – Qu’est-ce que c’est que cela ? dit le voyageur. C’est notre propre chambre de noce, dit l’aubergiste. Nous en habitons une autre, mon épouse et moi. On n’entre ici que trois ou quatre fois dans l’année. J’aurais autant aimé l’écurie dit l’homme brusquement. Le Thénardier n’eut pas l’air d’entendre cette réflexion peu obligeante. Il alluma deux bougies de cire toutes neuves qui figuraient sur la cheminée. Un assez bon feu flambait dans l’âtre. Il y avait sur cette cheminée, sous un bocal, une coiffure de femme en fils d’argent et en fleurs d’oranger. Et ceci, qu’est-ce que c’est ? reprit l’étranger. Monsieur, dit le Thénardier, c’est le chapeau de mariée de ma femme. Le voyageur regarda l’objet d’un regard qui semblait dire : il y a donc eu un moment où ce monstre a été une vierge ! Du reste le Thénardier mentait. Quand il avait pris à bail cette bicoque pour en faire une gargote, il avait trouvé cette chambre ainsi garnie et avait acheté ces meubles et brocanté ces fleurs d’oranger, jugeant que cela ferait une ombre gracieuse sur «son épouse», et qu’il en résulterait pour sa maison ce que les Anglais appellent de la respectabilité. Quand le voyageur se retourna l’hôte avait disparu. Le Thénardier s’était éclipsé discrètement, sans oser dire bonsoir, ne voulant pas traiter avec une cordialité irrespectueuse un homme qu’il se proposait d’écorcher royalement le lendemain matin. L’aubergiste se retira dans sa chambre. Sa femme était couchée, mais elle ne dormait pas.